La diaspora artistique coréenne

La diaspora artistique coréenne

© 2004, Mihee-Nathalie Lemoine

Texte traduit paru dans le magazine Neo Vessel, Nov. 2004, Japon

 

Lorsque j’ai vu le numéro 15 de la revue trimestrielle Art Asia Pacific en 1998, intitulé ‘Hong Kong : vue de Chine, Taïwan et de la diaspora’, je me suis demandé s’il existait ou non une scène artistique de la diaspora coréenne comparable. Quand commença-t-elle ? Quels en furent les pionniers ? Qui sont-ils aujourd’hui ? Quelles différences présente-t-elle selon les générations, les lieux et expériences de vie ? Une quantité de question surgit, nourrit ma curiosité et me pourra à rechercher quelques preuves de son existence.

Durant la crise économique ou « période FMI », une ambiance morose planait sur la Corée. À la même période, j’ai eu la chance de rencontrer de plus en plus d’artistes étrangers, venant pour la plupart des États-Unis. Ils arrivèrent ici, en Corée, en tant qu’artistes mais pour survivre financièrement, ils se transformèrent en professeurs d’anglais ou reçurent la permission de venir étudier ‘leur’ culture sur le sol « ethnique ». À peu près au même moment, je commençais à reconsidérer ce que pouvait signifier « faire de l’art » – sa raison d’être et son utilité ». Un de mes amis me dit : « Si l’art n’existait pas, le monde serait plus triste. » cela me conforta dans l’idée de poursuivre ma création sous différentes formes, en établissant un réseau et en débutant par un ‘art qui ait du sens » ou en ‘a »art et action » avec mes influences américaines. À la recherche de noms « célèbres », j’ai bien entendu commencé par Paik Nam Jun qui n’est d’ailleurs que très peu considérer comme artiste de la diaspora quand bien même il passa son enfance au Japon, où il étudia avant d’aller aux ¨États-Unis. Et en Allemagne. À mon avis, parce qu’il devint célèbre, il fut soudainement reconnu comme « Coréen ». Dans mon souvenir, à l’une de ses expositions dans une riche ville de la côte belge, à la fin des années 80 – je ne connaissais alors que très peu de chose à son sujet – je me souviens avoir pensé qu’il s’agissait juste d’une bonne exposition. Ce sont mes amis qui avaient souligné le fait qu’il était Coréen… «  comme moi ».

En tant qu’européenne, je n’ai jamais entendu parler de Theresa Hak Kyung Cha jusqu’à ce qu’un universitaire coréano-américain me suggère de lie son ouvrage « Dictée » (Tanam Press, 1982). Ce livre me toucha non seulement parce qu’il était écrit en trois langues et qu’il jouait avec le langage, les images et l’imagination, mais parce qu’il était une œuvre majeure dans le domaine des « Korean-American Studies ». Le fait que l’Américain « moyen » raffole de toute œuvre élitiste, intellectuelle et masturbatoire agrémentée de français, cela en fit une parfaite recette pour son succès. Très surprenant. Je sens qu’il s’agissait d’un trait d’union entre mes amis (artistes) coréano-américains et l’expérience de Cha. Elle fut capable de l’exprimer et de l’entendre à sa communauté. Cha sut construire une voix et c’est pour cela qu’elle est célèbre là-bas… dans le « Nouveau Monde ». – ce qui ne fut pas le cas en Corée, même des décennies après.

Qu’en est-il de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Sud ? Personne ne sait ce qu’il s’y passe et y a-t-il quelqu’un qui y accorde de l’importance ?

J’ai donc commencé à réunir des documents et des références d’anthologies, d’Articles etc. à naviguer sur internet… pour trouver des travaux collectifs à propos de l’Anthologie coréano-américaine incluant des Coréens américains de la seconde génération et des Coréens américains adoptés : Writing Away Here, éditée par Paul Yi et publiée de manière indépendante en 1994.

En 1996, la toute première exposition d’artistes coréens : West to East réunissait trois artistes venant d’Europe, et plus tard la même année, le groupe « KameleonZ » fut établi avec ces trois mêmes artistes et de Gyopos et des étudiants de l’étranger. À la fin de l’année, la performance annuelle Space for Shadows fut organisée par le groupe Han Diaspora.

En 1997, d’autres anthologies.. Une seule fut écrite avec des adoptés : Seeds from a Silent Tree co-éditée par Jo Rankin et Tonya Bishoff (Pandal Press) et l’anthologie de poésie Mother and Dove (Ikae & Ad Press).

En 1998, Eventsill – Korean American Adoption / Diaspora organisé par Me-K Ahn (un Pan Film Festival) eut lieu à Minneapolis, et le groupe d’artistes « KimLeePark Production » fit campagne avec une performance de rue.

En 1999, le Hello Kimchi Festival fut proposé par la cinémathèque Dongsung incluait des films provenant du Kazakhstan, du Japon, des États-Unis, du Canada, de France et de Belgique. Voices from another Place fut publié la même année par Young & Young Publishers (MN, USA), AKAVA (.org) fut lancé et introduisit quelque cinquantaine d’artistes coréano-américains. Le projet voulait inclure des Coréens européens mais par manque de contacts, le réseau trouva rapidement ses limites. Durant l’été, une grande manifestation d’adoptés, aux États-Unis, se tint au Musée au Musée coréano-américain de Los Angeles sous le titre : Snapshot of Korean Adoptees.

En 2000, l’exposition Koreamerica se tint au Centre Art Sonje à Séoul. Elle présentait des Coréens américains de la seconde génération et els expériences d’étudiants à l’étranger. Les adoptés furent délibérément écartés sous prétexte qu’ils ne participaient pas à l’expérience des émigrants Une réaction à ce choix politique vint au début de ce nouveau millénaire avec Okayboook, projet coordonné par « onegook » et « star~kim production ». Ce projet couvre, à raison d’un volume par an, depuis cinq ans, la diaspora coréenne au USA, au Japon, en Europe, au Brésil.

En 2001, l’anthologie Beacon de fictions coréano-américaines, Kori (Beacon Press) fut éditée par Heinz Insu Finkl et Walter K. Lew. La Biennale de Gwangju 2002, pour la première fois, sacrifia une partie de son espace pour accueillir l’exposition de la diaspora coréenne intitulée There dont l’organisatrice était Yong Soon Min. Il y eut section de projections intitulée Seeing There commissariée par Paul Yi. Aucune traduction ne fut offerte. Echoes Upon Echoes fut une anthologie d’écrivains coréano-américains de plus, éditée par Elaine H. Kim et Laura Hyun Yi Kang (Temple University Press).

L’oversea Korean Foundation commença à organiser une conférence générale d’artistes en couvrant chaque année une discipline artistique différente. En 2002, il y eu la Dongpo filmmaker’s Conference ou participaient les Américains Christine Choy, Richard Kim, Tammy Chu et la canadienne Helen Lee.

En 2003, la même Fondation invita Anatoli Kim de Russie, Yu Miri du Japon (qui annula), l’américaine Elaine H. Kim et la suédoise Astrid Tritzig. La première anthologie européenne vit également le jour sous le nom de Hitta Hem (chez Artfront, co-éditée par Sofia Lindstrom et Astrid Trotzig) afin de révéler les voix des adoptés en Suède. Aux États-Unis, l’anthologie Yobo présenta les écrivains coréano-américains vivant à Hawai’i.

En 2004, pour le cinquantième anniversaire officiel, l’exposition Our adoptee – Our Alien montra des œuvres aussi bien d’Europe que des États-Unis. À la fin de cette année, Areum – Neo Vessel Exhibit offrit pour la première fois une section consacrée aux artistes coréano-européens.

J’ai deux commentaires à ce propos : je souhaite en particulier, grâce à la publication de ce livre, que ces textes pourront être traduits dans les principales langues afin de les faire connaître à un public plus large et d’offrir une meilleure compréhension de la diaspora artistique. Par exemple, Yu Miri est traduite en français, et je souhaite qu’Anatoli Kim le soit pareillement au moins en anglais, de même pour Lee Jang Ji, Ook Chung et Astrid Trotzig… J’espère que ces œuvres provenant de pays non anglophones connaîtront une meilleure diffusion.

Une seule exception est Yu Miri qui grâce à la traduction de son œuvre est parvenue à une réelle dimension internationale. Mais, elle mis à part, ce ne sont que de artistes anglophones tels que Theresa Hak Kyung Cha, Changrae Lee, Elaine H. Kim, Helen Lee, Yong Soon Min qui ont servi de « modèles » aux autres membres de la jeune diaspora coréenne… alors qu’il y en a tant.

J’espère pouvoir lire un jour en français un recueil d’auteurs francophones ainsi qu’une anthologie des écrivains majeurs de la diaspora coréenne. De même, en Corée, j’aimerais être en mesure d’aller voir un musée ou un centre d’art qui présente régulièrement ou organise une rétrospective de l’activité artistique mondiale de la diaspora coréenne. Merci au film Sky Blue Hometown de So Young Kim, par exemple, de nous avoir introduit non seulement dans la diaspora coréenne de l’Ouzbékistan mais également de nous avoir présenté le travail important de Nikolai Shin.

Pourquoi donc restreignons-nous la diaspora artistique à certains universitaires, chercheurs et critiques d’art… et non pas à un public plus large ? Je crois que si nous ne commençons pas à y réfléchir, personne ne le fera pour nous.

C’est une réalité !

C’est un rêve… mais non un rêve impossible.

(c)2004 mihee-nathalie lemoine

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